Objet 
                du Module 9 
              Ce 
                module a pour objet de donner une vue 
                densemble sur la nature et létendue 
                des obligations des États et des acteurs 
                non-étatiques pour la promotion et protection 
                des droits ESC. 
              Ce 
                module 
              
                -  examine les obligations génériques 
                  de lÉtat de respecter, protéger 
                  et satisfaire les droits humains;
 
                - considère les obligation 
                  de conduite et de résultat;
 
                - analyse les obligations de 
                  lÉtat sous larticle 2(1) 
                  du PIDESC;
 
                - propose une série de points 
                  servant à examiner dans quelle mesure 
                  un État a bien rempli ses obligations 
                  par rapport aux droits ESC; et
 
                - discute de la responsabilité 
                  des parties privées.
 
               
              Le 
                concept dobligation 
              Le PIDESC 
                et les traités qui sy rapportent 
                apportent à lindividu et à la 
                communauté une gamme de garanties relatives 
                aux droits ESC.  Chacun de ces droits 
                correspond à une obligation de lÉtat.  
                Il est essentiel dexaminer la 
                nature et létendue des obligations 
                de lÉtat selon des normes internationales 
                et nationales des droits humains afin 
                de comprendre précisément ce que nous 
                pouvons et ce que nous devrions attendre 
                des États, et comment cela se traduit 
                dans la garantie optimale de nos droits. 
              Prenons 
                par exemple le droit à la nourriture.  
                Dans la région du Kalahandi, dans lÉtat 
                de lOrissa en Inde, il y a eu 
                à plusieurs reprises, une année sur 
                deux, des victimes de la famine parmi 
                les familles de paysans sans terre.  
                Est-ce que ces victimes de la faim ont 
                quelque chose à voir avec les droits 
                humains?  La première réaction pourrait 
                nous amener à faire référence au droit 
                à la nourriture, et à dire que ces morts 
                ont été causées par le manque daccès 
                à la nourriture et par conséquent quelles 
                sont liées à la non mise en uvre 
                du droit à la nourriture.  Alors, à 
                qui la faute?  Est-ce la faute du manque 
                de pluie ou du propriétaire terrien 
                qui na pas employé les paysans?  
                Sinon, devrions-nous rejeter la faute 
                sur les voisins qui nont pas porté 
                secours à ces familles en détresse? 
              Les droits 
                humains, comme tous les autres droits, 
                sont basés sur la réciprocité.  Les 
                deux parties consistent en un requérant 
                dun droit et une entité à laquelle 
                il incombe de soccuper de cette 
                revendication.  Il est important didentifier 
                les bénéficiaires dun droit et 
                les obligations corrélatives à cette 
                entité qui répondraient à cette revendication. 
              Que penser 
                du cas du Kalahandi?  La pluie ne peut 
                avoir dobligations.  Qui doit 
                alors assurer le droit à la nourriture?  
                Des responsabilités morales sont peut-être 
                à donner aux propriétaires terriens 
                et aux voisins dans le village.  Cependant, 
                les responsabilités morales ne sont 
                pas suffisantes lorsquil sagit 
                des droits humains. 
              Les droits 
                humains universels doivent être garantis 
                par la loi, chose qui peut être accomplie 
                seulement par les États.  Cest 
                lessence même des droits humains: 
                ne pas établir déthique humaine, 
                mais imposer des obligations aux États 
                pour certaines normes minimums de conduite 
                vis-à-vis des personnes vulnérableset 
                de tout le monde. 
              Comment 
                donc pouvons-nous répondre à la question 
                de savoir si les victimes de la faim 
                dans le Kalahandi étaient liées à une 
                violation du droit à la nourriture?  
                Il nous faut considérer les obligations 
                de lÉtat en vertu du droit à la 
                nourriture.  Les droits humains sont 
                violés si les obligations de lÉtat 
                corrélatives le sont aussi.  Quelles 
                étaient les obligations qui incombaient 
                aux autorités compétentes indiennes 
                dans la situation du Kalahandi?  Nous 
                ne pouvons pas éviter une telle analyse 
                si nous voulons rendre un jugement sur 
                le droit à la nourriture, ou sur nimporte 
                quel autre droit humain.  Il faut donc 
                examiner les obligations de lÉtat 
                en fonction des droits humains. 
              Les 
                obligations génériques: respecter, protéger, 
                satisfaire 
              Considérons 
                nimporte quel droit humainle 
                droit à léducation, le droit davoir 
                un procès juste ou le droit de ne pas 
                être victime de la torture.  Les noms 
                mêmes de ces droits identifient la 
                norme que chacun reconnaît: avoir accès 
                à léducation, avoir un procès 
                juste, ne pas avoir à souffrir de la 
                torture.  La norme reconnue par les 
                droits humains décrit une certaine qualité 
                de vie.  Une telle qualité de vie peut 
                être appelée « sa norme des droits 
                humains ».  En admettant cette 
                norme, le droit humain reconnaît tout 
                dabord lidée que tout le 
                monde devrait jouir de cette norme 
                à tout moment et que lÉtat a lobligation 
                de sefforcer à garantir cette 
                jouissance.  Quest-ce que cela 
                veut dire? 
              Tout dabord, 
                les États ne doivent pas détruire cette 
                norme.  Les autorités de lÉtat 
                ne doivent pas empêcher les gens de 
                séduquer, ne doivent pas tolérer 
                de procès injustes, ne doivent pas torturer.  
                Une obligation de ce type est appelée 
                une obligation de respecter la norme 
                des droits humains ou en bref, « lobligation 
                de respecter ».  De telles obligations 
                sont quelquefois appelées obligations 
                négatives, puisquelles dictent 
                aux États ce quils ne doivent 
                pas faire: torturer les gens, détruire 
                les opportunités déducation, mener 
                des procès injustes. 
              Les obligations 
                positives, dun autre côté, obligent 
                les États à ne pas être passifs, mais 
                plutôt à agir.  Par rapport aux personnes 
                qui profitent des normes de droits humains, 
                les États doivent empêcher les tiers 
                de détruire cette qualité de vie.  Les 
                États doivent garantir quon nempêche 
                pas les enfants daller à lécole 
                (par leur parents, par exemple).  Les 
                États ont lobligation dempêcher 
                que les juges soient corrompus par des 
                tiers, pour favoriser un procès injuste.  
                Les États doivent empêcher que des pères 
                et des maris torturent leurs filles 
                et leurs femmes.  Une obligation de 
                cette nature, cest une obligation 
                qui protège les normes de droits humains, 
                en bref cest « lobligation 
                de protéger ». 
                 
              
                 
                  |  
                     Instaurer 
                      l'obligation de protéger 
                      Jugement de la cour suprême 
                      indienne dans  
                      l'affaire " bonded labour 
                      " (servitude pour dettes) 
                        
                    Une organisation indienne non-gouvernementale, 
                      le Bonded Labour Liberation Front, 
                      a écrit à la Cour 
                      suprême pour qu'elle intervienne 
                      au sujet des conditions inhumaines 
                      et intolérables des ouvriers 
                      qui travaillaient dans une carrière 
                      près de Delhi. La Cour 
                      a considéré la lettre 
                      comme une plainte puisque la constitution 
                      indienne autorise la Cour suprême 
                      à émettre des directives, 
                      des ordres et des assignations 
                      pour la mise en uvre des 
                      droits fondamentaux accordés 
                      par la constitution indienne. 
                    La cour nomma deux avocats pour 
                      se rendre à la carrière, 
                      s'assurer que les ouvriers travaillaient 
                      bien de leur plein gré, 
                      et enquêter sur leurs conditions 
                      de travail. Ces deux avocats ont 
                      soumis à la cour un rapport 
                      dans lequel ils confirmaient les 
                      allégations faites par 
                      l'organisation non-gouvernementale 
                      sur les conditions de vie intolérables 
                      des ouvriers. Le rapport a aussi 
                      révélé l'identité 
                      de quelques ouvriers que l'on 
                      forçait à travailler 
                      et qui n'étaient pas libres 
                      de chercher un autre emploi ailleurs 
                      ou de quitter la carrière. 
                    Quand la pétition fut 
                      entendue, l'état concerné 
                      s'y est opposé en disant 
                      que même si les allégations 
                      dans la lettre étaient 
                      vraies, cela ne pouvait donner 
                      lieu à une assignation, 
                      puisqu'on ne pouvait pas dire 
                      qu'un droit fondamental avait 
                      été transgressé. 
                      La cour considéra que l'article 
                      21, qui traite de l'un des droits 
                      fondamentaux inclus dans la Constitution, 
                      garantit le " droit de vivre 
                      " et y compris celui de vivre 
                      " avec dignité et 
                      sans être exploité 
                      ". La cour stipula que la 
                      plainte des ouvriers, d'après 
                      laquelle ils étaient asservis 
                      et vivaient dans la misère, 
                      était une preuve qu'un 
                      droit fondamental avait été 
                      violé. La cour affirma 
                      aussi que d'après l'article 
                      256 de la Constitution, le pouvoir 
                      exécutif de chaque état 
                      devrait être exercé 
                      pour garantir que les lois émises 
                      par le parlement étaient 
                      bien en conformité avec 
                      d'autres lois. Dans ce cas-ci, 
                      le gouvernement devait donc garantir 
                      que les locataires ou entrepreneurs 
                      à qui il louait à 
                      bail ses mines pour l'exploitation 
                      de la carrière, respectaient 
                      les lois de protection sociale 
                      et du travail en vigueur pour 
                      le bénéfice des 
                      ouvriers; c'était une obligation 
                      constitutionnelle.1 
                   | 
                 
               
               Une question 
                importante se rattache aux obligations 
                positives.  Est-ce que les États sont 
                toujours en mesure dagir conformément 
                à ces droits?  Est-ce quils peuvent 
                toujours empêcher les parents denvoyer 
                leurs enfants au travail au lieu de 
                les envoyer à lécole?  Est-ce 
                quils peuvent toujours empêcher 
                la corruption des juges ou la torture 
                des femmes et des enfants?  Apparemment, 
                non.  Cependant, les États peuvent punir 
                les actes des tiers ou prendre dautres 
                précautions pour protéger les droits 
                humains en question.  Par conséquent, 
                nous avons besoin dexaminer quelques 
                principes pour déterminer, dans une 
                situation donnée, ce que lon doit 
                raisonnablement attendre de lÉtat 
                en termes de protection. 
              Une autre 
                obligation positive qui incombe aux 
                États, est « lobligation 
                de satisfaire » les normes de droits 
                humains.  Cette obligation exige de 
                la part de lÉtat de prendre des 
                mesures appropriées pour assurer que 
                les normes de droits humains sont bien 
                réalisées.  Les États doivent apporter 
                des solutions lorsquil y a des 
                procès corrompus.  Les États doivent 
                garantir laccès à léducation 
                (publique ou privée).  Les États doivent 
                intervenir dans des situations de torture 
                pour y mettre un terme.  Cela ne signifie 
                pas que les États doivent nécessairement 
                accomplir ces services eux-mêmes.  Laccès 
                à léducation nest pas la 
                seule responsabilité des écoles publiques.  
                Cependant, les États doivent rendre 
                les ressources disponibles si nécessaire, 
                et ils doivent apporter des garanties 
                légales pour ces groupes qui, autrement, 
                sont privés dun procès juste, 
                déducation ou dautres normes 
                de base reconnus par les droits humains.  
                Ainsi donc, les États doivent finalement 
                être le dernier recours (en ce qui concerne 
                les normes de droits humains) et maintenir 
                une infrastructure correspondante. 
              Les principales caractéristiques des obligations 
                des États pourraient être résumés ainsi: 
                les États doivent respecter, protéger 
                et satisfaire les normes de droits humains 
                sy 
                rattachant.  On appelle ces obligations: « obligations 
                génériques ». 
              Obligations 
                génériques 
              Exemplele 
                droit à une nourriture suffisante 
              
                 
                  |  
                     Aspect 
                      du droit 
                   | 
                   
                     Obligation 
                      de respecter 
                   | 
                   
                     Obligation 
                      de protéger 
                   | 
                   
                     Obligation 
                      de satisfaire 
                   | 
                 
                 
                  |  
                     Accessibilité 
                   | 
                   
                     Ne pas réduire laccès 
                      actuel à la nourriture. 
                   | 
                   
                     Ne pas laisser les autres 
                      empiéter sur cette jouissance 
                      (par exemple, les promo-teurs 
                      de terrains de golf). 
                   | 
                   
                     Mettre en application des 
                      programmes pour garantir un plus 
                      large accès à la nourriture. 
                   | 
                 
                 
                  |  
                     Contenu nutritionnel 
                   | 
                   
                     Ne pas réduire les niveaux 
                      nutritionnels actuels. 
                   | 
                   
                     Interdire la conta-mination 
                      du contenu nutritionnel et de 
                      la qualité de la nourri-ture (par 
                      exemple, les engrais toxiques). 
                   | 
                   
                     Prendre des mesures pour 
                      accroître la quantité et améliorer 
                      la qualité de lapport nutritionnel. 
                   | 
                 
               
              La 
                non-discrimination 
              Un des aspects 
                fondamentaux des obligations des États 
                est celui de la non-discrimination.  
                Le principe de non-discrimination dans 
                la mise en uvre des droits humains 
                met laccent sur le fait que tout 
                le monde a le droit de jouir des droits, 
                quelle que soit sa couleur, son sexe, 
                sa religion, son ethnie, ses origines 
                sociales, sa nationalité, ses opinions 
                politiques ou autres croyances, sa propriété, 
                son lieu de naissance ou autre statut.  
                Le principe de non-discrimination interdit 
                de faire des distinctions, des exclusions, 
                des restrictions et des limitations 
                quand lÉtat remplit les obligations 
                qui ne sont pas basés sur la nature 
                de son obligation. 
              Les États sont obligés : 
               §         
                 déliminer 
                la discrimination en abolissant sans 
                délai toutes les lois et règlements 
                discriminatoires; 
               §         
                 déliminer 
                la discrimination en sabstenant 
                de se livrer à des pratiques discriminatoires 
                dans la mise en uvre des lois, 
                règlements et programmes. 
              Le concept 
                de « réalisation progressive » 
                (voir plus bas) ne sapplique pas 
                aux clauses de non-discrimination et 
                dégalité.  Lobligation consiste 
                à les garantir immédiatement et non 
                progressivement.  Le principe de non-discrimination 
                pour les femmes est particulièrement 
                bien mis en évidence dans larticle 
                3 du PIDESC concernant la garantie de 
                légalité des femmes et des hommes 
                dans la jouissance de leurs droits.  
                Cette obligation comprend les mesures 
                anti-discriminatoires pour supprimer 
                les circonstances qui contribuent à 
                la discrimination. 
                 
                Le CDESC sest conformé à la pratique 
                selon laquelle la discrimination nest 
                pas limitée aux motifs spécifiés dans 
                le Pacte mais comprend aussi la discrimination 
                basée sur lâge, létat de 
                santé ou linvalidité.2  
                La clause de non-discrimination du Pacte 
                inclut les pratiques discriminatoires 
                des pouvoirs publics ainsi que des individus. 
              Obligation 
                de conduite et obligation de résultat 
              Si lon 
                reprend lexemple de famine dans 
                le Kalahandi, quelle est lobligation 
                que lÉtat na pas rempli 
                dans ce cas?  On pourrait répondre aisément: 
                en vertu du droit à la nourriture, les 
                autorités indiennes étaient obligées 
                dempêcher faim et malnutrition 
                dans le Kalahandi, et comme elles y 
                ont failli, lInde a violé le droit 
                à la nourriture.  Toutefois, il est 
                non seulement facile de donner cette 
                réponse, mais de plus, cest faux.  
                Aucun État dans le monde ne peut être 
                contraint à accomplir quoi que ce soit 
                (comme léradication de la famine 
                ou de la malnutrition) quil ne 
                peut pas être en mesure de réaliser, 
                quelles quen soient les raisons.  
                Pour parvenir à un procès juste et savoir 
                si, dans ce cas, lInde a violé 
                le droit à la nourriture, on doit déterminer 
                si les gouvernements fédéraux et des 
                États étaient en mesure dempêcher 
                la faim et la malnutrition dans cette 
                situation.   
              Une obligation 
                qui dit « lÉtat doit aboutir 
                au résultat X » est parfois appelée 
                une « obligation de résultat »; 
                cest-à-dire, lobligation 
                darriver à un résultat précis 
                par la mise en uvre active de 
                politiques et de programmes.  On ne 
                peut pas nécessairement rejeter sur 
                lÉtat en question la responsabilité 
                de navoir pas obtenu de résultat 
                X, et par conséquent, en conclure quil 
                sagit dune violation des 
                droits humains.  En fait, certaines 
                obligations de résultat peuvent être 
                de simples déclarations des programmes 
                qui peuvent être politiquement importants 
                pour les droits humains, mais qui ne 
                contribuent pas à déterminer sil 
                sagit dune violation. 
              Ce qui nous 
                aimerions vraiment, ce serait des obligations 
                de cette nature: « lÉtat 
                doit mettre en uvre telle mesure 
                » ou « lÉtat doit sabstenir 
                dagir ».  On appelle ces obligations 
                « code de conduite ».  Le 
                code de conduite signifie quun 
                État doit entreprendre une mesure spécifique 
                (action ou abstention).  Par exemple, 
                la mise en uvre dune loi 
                qui interdit le travail forcé est une 
                action.  Laction ou la conduite 
                doivent plutôt être spécifiques.  Si 
                laction est aussi indéterminée 
                que « parvenir au résultat X », 
                le code de conduite est une simple obligation 
                de résultat. 
              Une analyse 
                de la situation dans le Kalahandi commencerait, 
                évidemment, par lobservation quun 
                certain obligation du gouvernement indien 
                selon le droit à la nourriture (à savoir, 
                laccès à la nourriture pour les 
                indigents du Kalahandi) na pas 
                été rempli.  Pour entreprendre une analyse 
                des droits humains, cependant, nous 
                devons considérer les obligations de 
                conduite aussi précisément que possible.  
                Pour aboutir à un verdict sur les droits 
                humains, il nous faut découvrir les 
                actions spécifiques qui nont pas 
                été prises par les autorités gouvernementales, 
                bien que ces actes fussent obligatoires 
                daprès ce droit.  On aurait pu 
                raisonnablement sattendre à ce 
                que ces mesures aient été prises, et 
                ce manquement a causéou na 
                pas empêchétoutes ces morts de 
                faim.  Est-ce quil existait des 
                programmes de distribution de nourriture 
                en cas de situations durgence?  
                Si la réponse est négative, alors pourquoi?  
                Si la réponse est positive, alors pourquoi 
                ces victimes nen ont-elles pas 
                bénéficié?  Mais dabord, pourquoi 
                donc ces victimes étaient-elles si vulnérables?  
                Pourquoi navaient-elles pas un 
                plus large accès à la terre et à leau?  
                Est-ce que le programme sur la réforme 
                agraire avait été mis en uvre?  
                Est-ce quil existait des programmes 
                dalimentation?  Se pourrait-il 
                que les autorités locales conspiraient 
                avec les propriétaires terriens afin 
                de garder les paysans sans terre à lécart 
                des maigres ressources en eau qui subsistaient?  
                On doit trouver des preuves et tôt 
                ou tard juger cette situationcomme 
                avec nimporte quelles autres violations 
                de droits humains? 
              Les concepts dobligation de conduite et 
                dobligation de résultat constituent 
                un outil efficace pour suivir la mise 
                en uvre des droits ESC. (Voir 
                le module 19 pour plus de détails sur 
                le suivi.) 
              Lobligation 
                des États selon larticle 2(1) 
                du PIDESC 
              Lobligation des États parties au PIDESC 
                est contenue dans larticle 2(1). 
               
                Chacun des États parties 
                  au présent Pacte sengage à agir, 
                  tant par son effort propre que par 
                  lassistance et la coopération 
                  internationales, notamment sur les 
                  plans économique et technique, au 
                  maximum de ses ressources disponibles, 
                  en vue dassurer progressivement 
                  le plein exercice des droits reconnus 
                  dans le présent Pacte par tous les 
                  moyens appropriés, y compris en particulier 
                  ladoption de mesures législatives. 
                À première vue, cette obligation 
                  semble plutôt faible.  Mais, à y regarder 
                  de plus près, on saperçoit que 
                  ce nest pas le cas.  En fait, 
                  cette obligation est si forte quaucune 
                  disposition supplémentaire nest 
                  nécessaire. 
               
              Beaucoup 
                déléments contenus dans cette 
                obligation ont besoin dune explication.  
                Quest-ce quon entend par 
                « le plein exercice» des droits?  
                Quel est le rôle joué par la disposition 
                du « maximum de ses ressources 
                disponibles »?  Que signifie « assurer 
                progressivement »?  Quelles obligations 
                internationales sont sous-entendues 
                par cet article?   
              La 
                pleine réalisation des droits 
              Quel rôle 
                doit jouer lÉtat pour sassurer 
                que les bénéficiaires font valoir leurs 
                droits?  Que doivent faire les États 
                pour permettre à une personne vulnérable 
                de les contraindre à remplir leurs obligations?  
                La réponse est que lÉtat doit 
                fournir à ces personnes vulnérables 
                des outils quelles puissent utiliser 
                pour obliger un État à remplir ses obligations 
                génériques.  Cette activité est appelée 
                « exécution ». 
              Dans le 
                cas du Kalahandi, le droit à lalimentation 
                est réalisé non pas grâce à un changement 
                de temps qui épargne les récoltes, et 
                qui donc apporte aux paysans tenaillés 
                par la faim un travail et un salaire 
                à la dernière minute, ni grâce à la 
                distribution de colis de nourriture 
                par des organisations humanitaires.  
                Le droit à la nourriture est mis en 
                uvre par les victimes et les groupes 
                qui leur viennent en aide, par exemple, 
                sils obtiennent un recours pour 
                le dysfonctionnement dun magasin 
                de rationnement qui aurait dû garantir 
                lapprovisionnement en riz ou sils 
                sengagent dans un programme dalimentation.  
                Lexistence de magasins de rationnement, 
                de subventions alimentaires ou de transferts 
                en cas de besoin, et les moyens pour 
                les bénéficiaires daborder le 
                dysfonctionnement de tels programmes 
                font partie intégrante de la mise en 
                uvre par lÉtat en vertu 
                du droit à la nourriture.  Les États 
                doivent sefforcer de garantir 
                quil ny a pas de lacune 
                dans les programmes pour quils 
                puissent remplir leurs obligations génériques, 
                protéger ou satisfaire, ce qui comprend 
                aussi lobligation de garantir 
                que les victimes trouvent un recours 
                efficace.  Ceci constituerait alors 
                une situation de « pleine exécution ».  
                Par ailleurs, les États doivent être 
                sûrs que ces programmes et les solutions 
                apportées à leurs dysfonctionnements 
                seront connus et accessibles à tous.  
                La connaissance est peut-être loutil 
                le plus important de tous.  Sur la base 
                de la mise en oeuvre complète, on peut 
                espérer quune situation de pleine 
                réalisation (par exemple, du droit à 
                la nourriture) sera un jour réalité. 
              Nous devrions 
                aussi remarquer quil ne faut pas 
                confondre la nature des mesures à prendre 
                avec une forme particulière de gouvernement.  
                Le CDESC dans son Observation générale 
                3 a clarifié cette question ainsi: 
               
                . . . les États parties 
                  sengagent « à agir . . 
                  . par tous les moyens appropriés, 
                  y compris en particulier ladoption 
                  de mesures législatives » nexige 
                  ni nempêche quune forme 
                  particulière de gouvernement ou de 
                  système économique serve de véhicule 
                  aux mesures en question, à la seule 
                  condition quelle soit démocratique 
                  et que tous les droits de lhomme 
                  soient respectés. Ainsi, du point 
                  de vue des systèmes politiques ou 
                  économiques, le Pacte est neutre et 
                  lon ne saurait valablement dire 
                  que ses principes reposent exclusivement 
                  sur la nécessité ou sur lopportunité 
                  dun système socialiste ou capitaliste, 
                  dune économie mixte, planifiée 
                  ou libérale, ou dune quelque 
                  autre conception. A cet égard, le 
                  Comité réaffirme que lexercice 
                  des droits reconnus dans le Pacte 
                  est susceptible dêtre assuré 
                  dans le cadre de systèmes économiques 
                  ou politiques très divers . . . 
               
              La 
                disposition du « maximum de ses 
                ressources disponibles » 
              Personne 
                ne peut être contraint à faire ce qui 
                est au-delà de sa capacité; une obligation 
                incombe uniquement à un État sil 
                possède les ressources et linfrastructure 
                pour le remplir.  Quune obligation 
                positive soit obligatoire peut par conséquent 
                dépendre des ressources disponibles.  
                Les États essaient assez souvent de 
                se défendre des allégations de violer 
                une obligation positive en revendiquant 
                que cette obligation ne leur était pas 
                opposable à cause dun manque de 
                ressources. 
              Un jugement 
                portant sur de telles revendications 
                exige une analyse des ressources disponibles.  
                La disponibilité des ressources est 
                liée aux ressources de la société et 
                pas seulement aux ressources dans le 
                budget en cours.  Il est vrai que pour 
                la majorité des États, le pouvoir exécutif 
                est lié au budget rendu transparent 
                par la législature.  De même, il est 
                vrai que la législature, autant que 
                lexécutif, fait partie de lÉtat 
                (séparation des pouvoirs) et par conséquent 
                doit observer les obligations des droits 
                humains et la disposition concernant 
                le maximum des ressources disponibles.  
                Si une législature refuse à un gouvernement 
                le budget nécessaire pour remplir ses 
                obligations, bien que ces ressources 
                soient disponibles dans la société, 
                ceci doit être considéré comme une violation 
                des droits humains par la législature. 
              Quest-ce 
                que cela veut dire dans une situation 
                concrète?  Comment pouvons-nous déterminer 
                si les États utilisent bien le maximum 
                de ressources disponibles?  En fait, 
                il faut faire une analyse au cas par 
                cas. 
              Il est souvent 
                aisé de remarquer les situations où 
                le maximum de ressources disponibles 
                na pas été exploité pour faire 
                valoir les droits humains.  Si des États 
                revendiquent que certaines obligations 
                ne sont pas opposables à cause dune 
                pénurie de ressources, le fardeau de 
                la preuve devrait peser sur lÉtat 
                qui fait de telles revendications. 
              Le CDESC 
                a reconnu limportance des ressources 
                pour satisfaire les normes de droits 
                humains, mais il ne considère pas que 
                la disponibilité des ressources est 
                une clause de sauvegarde.  Par exemple, 
                il a affirmé que « dans les cas 
                où un nombre significatif de personnes 
                vit dans la pauvreté et souffre de faim, 
                cest à lÉtat de montrer 
                que subvenir aux besoins de ces personnes 
                était au-delà de son contrôle ».3 
              Le CDESC 
                a analysé le concept des obligations 
                essentielles minimum pour réfuter largument 
                selon lequel la pénurie de ressources 
                entrave la satisfaction des obligations.  
                Le comité a observé que chaque État 
                a une obligation essentielle minimum 
                de satisfaire les niveaux essentiels 
                minimums de chacun des droits dans le 
                Pacte.  Dans lObservation générale 
                3, il a clarifié quun État partie 
               
               
                dans lequel, par exemple, 
                  nombreuses sont les personnes qui 
                  manquent de lessentiel, quil 
                  sagisse de nourriture, de soins 
                  de santé primaires, de logement ou 
                  denseignement, est un État 
                  qui, à première vue, néglige les obligations 
                  qui lui incombent en vertu du Pacte 
                  . . . Pour quun État partie 
                  puisse invoquer le manque de ressources 
                  lorsquil ne sacquitte 
                  même pas de ses obligations fondamentales 
                  minimum, il doit démontrer quaucun 
                  effort na été épargné pour utiliser 
                  toutes les ressources qui sont à sa 
                  disposition en vue de remplir, à titre 
                  prioritaire, ces obligations minimum. 
               
              Le CDESC 
                a démontré que même si « les ressources 
                disponibles sont insuffisantes, lobligation 
                demeure, pour un État partie, de sefforcer 
                dassurer la jouissance la plus 
                large possible des droits pertinents 
                dans les circonstances qui lui sont 
                propres ».4  
                Par ailleurs, le comité a affirmé que, 
                « même en temps de grave pénurie 
                de ressources . . . les éléments vulnérables 
                de la société peuvent et doivent être 
                protégés grâce à la mise en oeuvre de 
                programmes spécifiques relativement 
                peu coûteux ».5 
              La 
                réalisation progressive des droits 
              On admet 
                normalement que, parce quon exige 
                des ressources pour faire valoir les 
                droits ESC, on ne peut pas les mettre 
                en uvre immédiatement.  Cependant, 
                le CDESC a affirmé: 
               
                Néanmoins, le fait que le 
                  Pacte international relatif aux droits 
                  économiques, sociaux et culturels 
                  prévoit une démarche qui sinscrit 
                  dans le temps, autrement dit progressive, 
                  ne saurait être interprété dune 
                  manière qui priverait lobligation 
                  en question de tout contenu effectif. 
                  Dune part, cette clause permet 
                  de sauvegarder la souplesse nécessaire, 
                  compte tenu des réalités du monde 
                  et des difficultés que rencontre tout 
                  pays qui sefforce dassurer 
                  le plein exercice des droits économiques, 
                  sociaux et culturels; dautre 
                  part, elle doit être interprétée à 
                  la lumière de lobjectif global, 
                  et à vrai dire de la raison dêtre 
                  du Pacte, qui est de fixer aux États 
                  parties des obligations claires en 
                  ce qui concerne le plein exercice 
                  des droits en question. Ainsi, cette 
                  clause impose lobligation duvrer 
                  aussi rapidement et aussi efficacement 
                  que possible pour atteindre cet objectif.6 
               
              Le CDESC 
                a exprimé clairement que « réalisation 
                progressive » nest pas une 
                clause de sauvegarde.  Il a aussi conclu 
                que « réalisation progressive » 
                comprend non seulement des améliorations 
                continuelles, mais aussi lobligation 
                de prévenir les régressions.  Le comité 
                a affirmé que « toute mesure délibérément 
                régressive dans ce domaine doit impérativement 
                être examinée avec le plus grand soin, 
                et pleinement justifiée par référence 
                à la totalité des droits sur lesquels 
                porte le Pacte, et ce en faisant usage 
                de toutes les ressources disponibles ».7 
              Les 
                obligations internationales 
              Larticle 
                2(1) du PIDESC mentionne explicitement 
                « lassistance et la coopération 
                internationales ».  Cela soulève 
                la question des obligations internationales 
                pour les droits humains.  Dans le contexte 
                actuel de globalisation où le rôle de 
                lÉtat est de plus en plus réduit, 
                les obligations internationales prennent 
                encore plus dimportance.  Quelques 
                États nations ont de plus en plus de 
                difficultés à remplir leurs obligations 
                de protéger et de faire valoir les normes 
                  
                de droits ESC.  Une des raisons est 
                le fait que certains des tiers les 
                plus importants (comme les affaires 
                ou la finance transnationales) agissent 
                en dehors du cadre réglementaire des 
                économies nationales.  La communauté 
                des États nest, jusquici, 
                pas parvenue à réguler léconomie 
                mondiale avec le système juridique 
                de protection des droits ESC.  La réglementation 
                actuelle mise en place par les traités 
                internationaux et le développement 
                des institutions est largement adaptée 
                aux intérêts de ces mêmes tiers quil 
                faudrait réglementer. 
              Le CDESC 
                dans ses Observations générales a étudié 
                quelques aspects de lassistance 
                et de la coopération internationales 
                sous larticle 2(1).  Il a clarifié 
                que « en vertu des Articles 55 
                et 56 de la Charte des Nations Unies, 
                des principes confirmés du droit international 
                et des dispositions du Pacte lui-même, 
                la coopération internationale pour le 
                développement et, partant, pour lexercice 
                des droits économiques, sociaux et 
                culturels est une obligation qui incombe 
                à tous les États. Elle incombe tout 
                particulièrement aux États qui sont 
                en mesure daider les autres États 
                à cet égard ».8 
              Si lon considère le respect des droits 
                humains dans le contexte de programmes 
                de développement, le comité a affirmé 
                quil y avait deux principes généraux. 
               
                Tout dabord, les deux 
                  groupes de droits sont indivisibles 
                  et interdépendants. Tout effort visant 
                  à promouvoir lun doit tenir 
                  pleinement compte de lautre 
                  . . . Dans un sens négatif, ce principe 
                  signifie que les organismes internationaux 
                  doivent éviter soigneusement dappuyer 
                  des projets qui supposent, par exemple, 
                  le recours au travail forcé . . . 
                  ou entraînent des expulsions ou déplacements 
                  massifs, sans mesures appropriées 
                  de protection et dindemnisation9. 
                  . . Le deuxième principe général est 
                  que les activités de coopération 
                  pour le développement ne contribuent 
                  pas automatiquement à promouvoir le 
                  respect des droits économiques, sociaux 
                  et culturels. Un grand nombre dactivités 
                  entreprises au nom du développement 
                  se sont révélées par la suite mal 
                  conçues ou même néfastes du point 
                  de vue des droits de lhomme. 
                  Pour que ces problèmes se posent 
                  moins souvent, il faudrait, dans la 
                  mesure du possible et selon les besoins, 
                  examiner en détail et soigneusement 
                  toute la série des questions faisant 
                  lobjet du Pacte.10 
               
              Conclusions 
                sur les obligations des États 
              En résumé: 
                Quelles sont les étapes impliquées dans 
                lapplication dune perspective 
                basée sur les droits pour déterminer 
                la non-jouissance des droits ESC?  Puisque 
                les violations des droits humains sont 
                définies comme des infractions aux obligations 
                de lÉtat, notre analyse sur les 
                droits humains doit identifier et comprendre 
                quelles obligations sont impliquées. 
              La suite est une suggestion de démarches pour 
                appliquer une approche de droits humains 
                pour examiner la violation des droits 
                ESC. 
               
                 §         
                   La première étape est 
                  de considérer la norme de droits humains 
                  spécifique.  Si ce standard est absent 
                  ou sévèrement menacé, cela peut déclencher 
                  une enquête sur les obligations de 
                  lÉtat concerné.  Au Kalahandi, 
                  la preuve de la faim a été faite, 
                  cest-à-dire labsence daccès 
                  à la nourriture. 
                 §         
                   La seconde étape consiste 
                  à se demander pourquoi ces gens souffrent 
                  de la faim.  Quel a été le rôle des 
                  autorités dans tout ceci?  Y a t-il 
                  eu une faute directement responsable 
                  de la mort des paysans? 
                 §         
                   Dans cette troisième 
                  étape, nous essayons de déterminer 
                  si les obligations en question sont 
                  destinées à être respectées, protégées 
                  ou satisfaites.  Est-ce que la police 
                  a chassé ces gens de leur terre (obligation 
                  de respecter)?  Est-ce que les propriétaires 
                  terriens les ont privés de leurs terres, 
                  eau ou récolte?  Est-ce que les pouvoirs 
                  publics auraient pu les en empêcher 
                  (obligation de protéger)?  Est-ce 
                  que les systèmes de distribution publics 
                  ou les programmes dalimentation 
                  existent aussi pour les groupes vulnérables?  
                  Si tel est le cas, pourquoi ces gens 
                  tenaillés par la faim ny ont-ils 
                  pas accédé?  Nétaient-ils pas 
                  accessibles (obligation de satisfaire)? 
                 §         
                   Dans la quatrième étape, 
                  si nous suspectons une infraction 
                  des obligations de protéger ou satisfaire, 
                  nous devons vérifier les obligations 
                  pour voir si cette obligation incombait 
                  au Kalahandi.  Par exemple, nous devrions 
                  examiner la raison pour laquelle il 
                  ny avait pas de système de distribution 
                  public.  Etait-ce à cause dune 
                  pénurie de ressources?  Etait-ce 
                  justifié ou non? 
                Sil ny avait pas assez 
                  dargent disponible pour venir 
                  en aide aux victimes du Kalahandi, 
                  peut-être y en avait-il assez pour 
                  aider les autres paysans de la région 
                  dans une situation similaire.  Nous 
                  devrions examiner si la discrimination 
                  existe.  Par exemple, est-ce que les 
                  victimes du Kalahandi sont des dalits 
                  (intouchables) ou des tribus? 
                Le fardeau de la preuve du manque 
                  de fond pèse sur lÉtat indien.  
                  Cependant, notre analyse devrait néanmoins 
                  apporter une compréhension claire 
                  de la situation générale sur la disponibilité 
                  des fonds et de linfrastructure.  
                  Y avait-il des défauts dinfrastructures 
                  dans la mise en place de programmes 
                  destinés à satisfaire laccès 
                  à la nourriture qui nauraient 
                  pas pu être prêts en un temps raisonnable? 
                 §         
                   Si 
                  la réponse est négative, nous devons 
                  identifier, dans la cinquième étape 
                  qui, au service de lÉtat, a 
                  échoué à mettre en uvre les 
                  programmes et systèmes actuels, en 
                  fonction des obligations de lÉtat. 
               
              Ainsi, nous 
                pouvons reconnaître une violation dune 
                obligation en vertu du droit à la nourriture, 
                grâce à suffisamment de preuves.  Nous 
                devrions être capables didentifier 
                lautorité ou la personne responsable.  
                Une telle analyse des obligations est 
                nécessaire avant de tirer des conclusions 
                sur létendue de la jouissance 
                ou de la non-jouissance des droits ESC. 
                 
              
                 
                   
                    
                      
                        
                          | 
                             Note 
                              d'avertissement de la 
                              part des activistes  
                             
                            Ces dernières 
                              années, un certain 
                              nombre d'activistes a 
                              montré qu'il y 
                              avait un défaut 
                              potentiel dans la traditionnelle 
                              orientation philosophique 
                              des droits ESC: les états 
                              sont détenteurs 
                              d'obligations et les individus 
                              sont les bénéficiaires 
                              des droits. Ils ont mis 
                              en évidence qu'il 
                              est essentiel de reconnaître 
                              qu'il y a une relation 
                              dialectique entre les 
                              obligations placés 
                              au niveau des états 
                              et les revendications 
                              avancées par ceux 
                              qui sentent que leurs 
                              droits ont été 
                              violés. Ceux qui 
                              revendiquent les droits 
                              ne sont pas simplement 
                              des " bénéficiaires 
                              " des droits prédéfinis. 
                              Ils jouent un rôle 
                              clé dans la définition 
                              du contenu des droits. 
                              Il est important de reconnaître 
                              que les requérants 
                              ont dû souvent livrer 
                              bataille pour gagner la 
                              reconnaissance de droits 
                              spécifiques, et 
                              ils ont souvent dû 
                              se démener pour 
                              introduire les procédures 
                              qui peuvent faire valoir 
                              leurs droits. Cette bataille 
                              reste un point central 
                              dans les plaidoyers en 
                              faveur des droits ESC. 
                   | 
                         
                       
                      
                     
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               Les 
                obligations des acteurs non-étatiques 
              Une orientation 
                trop centrée sur lÉtat ne peut 
                pas tenir compte du contexte variable, 
                sur le plan à la fois national et international, 
                où les acteurs non-étatiques, comme 
                les corporations, les groupes intégristes 
                et les groupes armés, ont de plus en 
                plus dimpact sur la jouissance 
                des droits ESC.  Lhistoire de 
                la loi des droits humains nous apprend 
                que les droits humains étaient faits 
                pour protéger lindividu contre 
                une utilisation excessive du pouvoir 
                de lÉtat.  Les conventions et 
                les traités clés disent clairement que 
                seuls les États ont les obligations 
                des droits humains.  Le PIDESC, par 
                exemple, affirme, « chaque État 
                affilié au Pacte actuel entreprend 
                des mesures . . . ».  La loi internationale 
                sur les droits humains noblige 
                donc pas les acteurs privés (que ce 
                soit des corporations ou autres) à agir 
                de telle ou telle manière, et donc, 
                ils ne peuvent pas être amenés à rendre 
                compte de leurs actions en vertu de 
                la loi sur les droits humains.  Alors, 
                comment les activistes peuvent-ils faire 
                valoir limpact négatif sur les 
                droits ESC des activités dacteurs 
                privés? 
              Il est important 
                de rappeler que les obligations des 
                acteurs non-gouvernementaux daprès 
                la loi nationale peuvent différer lorsquils 
                dépendent de la loi internationale.  
                La section 8 de la constitution sud-africaine, 
                par exemple, situe des obligations des 
                droits humains spécifiques sur les individus.  
                Il faut étudier les possibilités existantes 
                daprès la loi nationale pour obliger 
                les acteurs non-gouvernementaux à sexpliquer. 
                
              Il y a aussi des exceptions à la règle générale 
                selon laquelle la loi internationale 
                des droits humains nest pas applicable 
                aux acteurs du secteur privé: 
              
                 
                  |   | 
                   
                    
                      
                        
                          | 
                             Les 
                              actions du secteur privé 
                              et les droits humains 
                              nationaux et internationaux 
                              L'exemple du Canada  
                             
                            Au Canada (et ailleurs), 
                              les propriétaires 
                              qui " exigent un 
                              revenu minimum " 
                              pour écarter les 
                              ménages à 
                              faible revenu est la cause 
                              principale des sans-abri, 
                              surtout parmi les familles 
                              pauvres avec des enfants 
                              à charge. Le Centre 
                              for Equality Rights in 
                              Accommodation (CERA), 
                              ainsi que d'autres groupes 
                              et organisations, ont 
                              contesté ces mesures 
                              qu'ils considéraient 
                              comme une forme de discrimination 
                              selon la législation 
                              nationale des droits humains. 
                              Les propriétaires 
                              et les banques ont versé 
                              presque un million de 
                              dollars pour défendre 
                              le " droit des entreprises 
                              " de refuser les 
                              pauvres considérés 
                              comme " des clients 
                              à risque ". 
                            En même temps qu'elles 
                              ont lancé ce défi 
                              national, les ONG canadiennes 
                              ont porté cette 
                              question devant le CDESC. 
                              Le comité a identifié 
                              la discrimination basée 
                              sur le revenu pour obtenir 
                              un logement comme un problème 
                              sérieux au Canada, 
                              ce qui exige une meilleure 
                              protection des droits 
                              au logement. Scott Leckie 
                              du Centre on Housing Rights 
                              and Evictions a été 
                              convoqué devant 
                              le tribunal national des 
                              droits humains pour témoigner 
                              en tant qu'expert et l'informer 
                              sur ses responsabilités 
                              dans l'interprétation 
                              de la législation 
                              canadienne des droits 
                              humains conformément 
                              au Pacte et aux directives 
                              du CDESC. 
                            Le tribunal s'est prononcé 
                              en faveur des requérants. 
                              La décision, sujet 
                              largement médiatisé 
                              à travers tout 
                              le Canada, a établi 
                              que les propriétaires 
                              violaient la législation 
                              nationale des droits humains 
                              lorsqu'ils font de la 
                              discrimination contre 
                              les pauvres. Cela a été 
                              vécu comme une 
                              victoire cruciale pour 
                              les pauvres, en partie 
                              parce qu'ils tenaient 
                              pour responsables les 
                              propriétaires d'entreprises, 
                              des banques et d'autres 
                              acteurs du secteur privé, 
                              des pratiques discriminatoires 
                              qui génèrent 
                              des sans-abri. (Les propriétaires, 
                              par la suite ont fait 
                              appel.) 
                            La contestation de la 
                              discrimination contre 
                              les indigents qu'exercent 
                              les acteurs du secteur 
                              privé continuera 
                              à être une 
                              partie importante de la 
                              lutte pour les droits 
                              ESC dans les années 
                              à venir dans un 
                              certain nombre de pays. 
                            
                   | 
                         
                       
                      
                     
                     | 
                 
               
               1.      
                 Alors que les corporations 
                sont généralement considérées comme 
                des acteurs non-étatiques, celles qui 
                appartiennent à lÉtat sont considérées 
                comme partie intégrante de lÉtat.  
                Leurs employés et elles-mêmes se trouvent 
                soumises aux mêmes obligations de droits 
                humains que lÉtat.  Le critère 
                pour déterminer quand une société fait 
                partie de lÉtat dépend de la 
                juridiction en question. 
               2.   
                  Dans des États comme 
                lInde, la Cour suprême a placé 
                les obligations concernant les droits 
                humains sur les acteurs non-étatiques.  
                Dans un cas, par exemple, où il sagissait 
                de savoir si les docteurs pouvaient 
                refuser de traiter des patients, la 
                cour a jugé que le droit à la vie voulait 
                dire que chaque docteur, y compris ceux 
                qui ne travaillent pas pour lÉtat, 
                « avait lobligation professionnelle 
                procurer ses services pour protéger 
                la vie. »11 De manière 
                encore plus pertinente peut-être, dans 
                une affaire relative à la prévention 
                des maladies du travail, un tribunal 
                a décidé quil pouvait 
              . . . donner les 
                directives appropriées à lemployeur, 
                faire en sorte que lÉtat ou ses 
                actions ou lemployeur privé rendent 
                tout son sens au droit à la vie; empêcher 
                toute pollution du lieu de travail; 
                protéger lenvironnement; protéger 
                la santé des ouvriers ou préserver laccès 
                gratuit à leau potable pour la 
                sécurité et la santé des gens.12 
               3.      
                 Il y a certains traitéscomme 
                la Convention sur le génocide et le 
                traité qui régule la nouvelle Cour 
                pénale internationalequi placent 
                les obligations des droits humains sur 
                les individus.  Lors dune affaire 
                récente aux États-Unis, un tribunal 
                de grande instance a jugé que tout individu 
                privé violait la loi des droits humains 
                en « participant au commerce des 
                esclaves ».  Ce jugement (actuellement 
                en appel) a confirmé que la société 
                américaine, Unocal, pourrait être jugée 
                comme une corporation privée ayant violé 
                la loi sur les droits humains par ses 
                pratiques de travail forcé en Birmanie.13  (Voir lencadré 
                sur la page suivante pour plus de détails 
                sur cette affaire.) 
              Alors que 
                la règle générale est donc que les acteurs 
                non-étatiques (y compris les sociétés) 
                ne peuvent pas commettre de violations 
                des droits humains, la loi sur les droits 
                humains oblige les États à contrôler 
                la conduite des acteurs non-gouvernementaux, 
                y compris les corporations, pour garantir 
                quils ne commettent pas dabus 
                au niveau des droits humains.  Cela 
                fait partie de lobligation de 
                protéger, abordé dans la première partie 
                de ce module. 
              Dans le 
                contexte des droits civils et politiques, 
                cette obligation, par exemple, exige 
                que lÉtat établisse une force 
                de police efficace et un système de 
                justice pénale.  Si lÉtat autorise 
                la violence contre les individus sans 
                impunité, alors il peut avoir violé 
                ses obligations de garantir le droit 
                à la vie.  LÉtat nest 
                pas tenu responsable des actions des 
                acteurs non-gouvernementaux, mais il 
                est responsable de ne pas avoir pris 
                de mesures pour les empêcher de violer 
                les droits des autres. 
              Lobligation 
                de lÉtat par rapport aux acteurs 
                non-gouvernementaux a le plus souvent 
                été discuté dans la littérature sur 
                les droits humains sous langle 
                de léchec de lÉtat à faire 
                des enquêtes et à poursuivre en justice 
                les hommes qui commettent des actes 
                de violence contre les femmes.  Un commentateur 
                légal explique: 
               
                Une raison donnée . . . est quon 
                  ne considère pas les atrocités commises 
                  à lencontre des femmes comme 
                  des violations des droits humains, 
                  politiquement et légalement, cest 
                  quelles nimpliquent pas 
                  lÉtat.  Elles se produisent 
                  entre des acteurs non-étatiques, 
                  dans la société civile, de manière 
                  inconsciente, inorganisée, non systématique, 
                  indirecte et non-programmée.  Elles 
                  ne se produisent pas à cause de la 
                  politique de lÉtat . . .  
                Les abus commis à lencontre 
                  des femmes ne sont pas officiels.  
                  Mais la dissimulation, la légitimité 
                  et la légalisation des abus existent.  
                  Ils sont commis en toute impunité 
                  officielle et dans une indifférence 
                  légalisée.  Les abus sont systématiques 
                  et connus, la désobéissance est officielle 
                  et organisée, et la tolérance gouvernementale 
                  est une question de politique . . 
                  . Il nous faut regarder les lois qui 
                  ne sont pas appliquées; celles qui 
                  existent mais qui ne sont jamais utilisées, 
                  comme la loi contre la violence physique 
                  . . .14 
               
                 
              
                 
                   
                    
                      
                        
                          
                            Doe 
                              contre Unocal Corp.15 
                              Utilisation des droits 
                              interne et international 
                                
                            En 1997, une coalition 
                              d'avocats des droits humains 
                              a établi le droit 
                              selon la loi américaine 
                              de poursuivre en justice 
                              les corporations multinationales 
                              pour leur participation 
                              à certains types 
                              de violations des droits 
                              humains dans les pays 
                              étrangers. Un juge 
                              d'un tribunal de grande 
                              instance américain 
                              a décidé 
                              que les victimes du travail 
                              forcé et autres 
                              importantes violations 
                              de droits humains en Birmanie 
                              pouvaient engager des 
                              poursuites contre Unocal 
                              Corp. pour sa participation 
                              aux côtés 
                              du gouvernement militaire 
                              birman à un projet 
                              de construction d'un pipeline 
                              de pétrole, qui 
                              a contraint les citoyens 
                              birmans à travailler 
                              et à subir des 
                              atrocités. 
                            Cette affaire a été 
                              lancée en vertu 
                              du U.S. Alien Tort 
                              Statute qui autorise 
                              les cours fédérales 
                              américaines d'entendre 
                              les revendications des 
                              citoyens des autres pays 
                              sur les violations de 
                              la loi internationale. 
                              Unocal a soutenu que la 
                              loi internationale s'appliquait 
                              seulement aux gouvernements. 
                              Le juge a remarqué, 
                              cependant, que Unocal 
                              était soupçonnée 
                              d'avoir agi sous l'autorité 
                              gouvernementale. Il a 
                              aussi rejeté la 
                              défense d'Unocal 
                              en mettant en évidence 
                              que le commerce des esclaves 
                              était considéré 
                              comme une violation de 
                              la loi internationale, 
                              qu'elle soit engagée 
                              par le gouvernement ou 
                              les individus. 
                            Le jugement de la cour 
                              selon lequel le travail 
                              forcé est passible 
                              de poursuites en vertu 
                              de la loi internationale, 
                              qu'il soit pratiqué 
                              par un gouvernement ou 
                              par un individu, pourrait 
                              autoriser les tribunaux 
                              aux États-Unis 
                              de s'attaquer aux questions 
                              relatives, par exemple, 
                              aux usines où les 
                              ouvriers sont exploités 
                              dans les autres pays. 
                              Cela offre aussi la possibilité 
                              de préserver les 
                              moyens de recours pour 
                              les victimes lorsque les 
                              contrevenants gouvernementaux 
                              eux-mêmes sont difficilement 
                              attaquables en justice. 
                            
                   | 
                         
                       
                      
                     
                     | 
                   
                    
                   | 
                 
               
               Cette 
                analyse est clé dans lestimation 
                de la manière dont lÉtat peut 
                violer les obligations des droits politiques 
                et civilssurtout par rapport au 
                droit de vivredans le contexte 
                des activités des acteurs non-étatiques. 
              La Cour 
                interaméricaine des droits de lhomme 
                a considéré létendue de lobligation 
                de lÉtat en fonction des actes 
                de violences commis par les acteurs 
                non-gouvernementaux, qui pourraient 
                inclure les corporations.  Le tribunal 
                a stipulé dans laffaire Velasquez 
                Rodriguez (qui a une autorité convaincante 
                dans dautres juridictions): 
               
                (Lobligation de garantir 
                  lexercice libre et intégral 
                  des droits de la Convention) implique 
                  lobligation des États dorganiser 
                  lappareil gouvernemental et 
                  en général, toutes les structures 
                  par lesquelles le pouvoir public est 
                  exercé, pour quils 
                  soient capables 
                  dassurer juridiquement la libre 
                  et pleine jouissance des droits humains.  
                  En conséquence de cette obligation, 
                  les États doivent empêcher, enquêter, 
                  et punir toute violation des droits 
                  reconnus par la Convention, et de 
                  plus, si cela est possible, essayer 
                  de rétablir les droits violés et apporter 
                  une compensation sous forme de garantie 
                  pour les dommages résultant de la 
                  violation . . .  
                Un acte illégal qui viole 
                  les droits humains et qui nest 
                  au départ pas attribué directement 
                  à lÉtat (par exemple, sil 
                  sagit de lacte dun 
                  individu ou si la personne responsable 
                  na pas été identifiée) peut 
                  conduire à une responsabilité internationale 
                  de lÉtat, non à cause de lacte 
                  même, mais à cause du manque de diligence 
                  pour empêcher la violation ou pour 
                  y répondre comme lexige la Convention. 
                Dans certaines circonstances, il 
                  peut être difficile dexaminer 
                  les actes qui violent les droits dun 
                  individu.  Lobligation de mener 
                  une enquête, tout comme lobligation 
                  dempêcher, nest pas violée 
                  parce que lenquête napporte 
                  pas de résultat satisfaisant.  Néanmoins, 
                  elle doit être entreprise de manière 
                  sérieuse . . . là où les actes des 
                  individus sont aidés, dans un sens, 
                  par le gouvernement, lÉtat 
                  est ainsi rendu responsable sur la 
                  scène internationale.16 
               
              Plus récemment, 
                la Cour européenne des droits de lhomme 
                a décidé de létendue des obligations 
                de lÉtat par rapport à la protection 
                du droit de vivre.  Laffaire Osman 
                1 dans laquelle un professeur sétait 
                attaché de manière maladive à un élève 
                de son école, et qui a fini par tuer 
                le père de lenfant.  La question 
                débattue devant la cour était de savoir 
                si lÉtat avait suffisamment agi 
                par rapport à ses obligations en vertu 
                du droit de vivre.  La cour décida: 
               
                Il est courant que les obligations 
                  de lÉtat . . . sétendent 
                  au-delà de son obligation primaire 
                  de préserver le droit de vivre en 
                  mettant en place des dispositions 
                  efficaces de loi pénale pour dissuader 
                  les violations contre les personnes, 
                  et de soutenir ces dispositions à 
                  laide dun appareil de 
                  répression pour empêcher et sanctionner 
                  les infractions de telles dispositions 
                  . . . 
                Lorsquil y a une allégation 
                  selon laquelle les autorités ont violé 
                  leur obligation positive de protéger 
                  le droit de vivre dans le contexte 
                  de leur obligation mentionné ci-dessus 
                  pour empêcher et supprimer les délits 
                  contre lindividu, il doit être 
                  établi à sa satisfaction que les 
                  autorités étaient alors conscientes 
                  ou auraient dû être conscientes, à 
                  ce moment là, de lexistence 
                  dun risque réel et immédiat, 
                  dû  aux actes criminels dun 
                  tiers, qui mettrait en péril la vie 
                  dun individu identifié ou celle 
                  des individus. Il doit aussi être 
                  établi quelles ont échoué dans 
                  la prise de mesures qui auraient pu 
                  permettre déviter ce risque.17 
               
              Bien que 
                cela implique le droit de vivre (un 
                droit civil et politique), sa violation 
                peut se poser dans le contexte des droits 
                ESC.  Linterconnexion des deux 
                nest jamais plus évidente que 
                par rapport aux activités des corporations.  
                La privation du droit de vivre par les 
                corporations, par exemple, a lieu quand 
                une personne essaie dexercer son 
                droit sur des conditions de travail 
                sans danger (PIDESC, art. 7) ou son 
                droit à la santé de lenvironnement 
                (PIDESC, art. 12). 
              Lobligation 
                de lÉtat de protéger les droits 
                civils et politiques sapplique 
                aussi à ses obligations au niveau des 
                droits ESC.  Le CDESC accepte que la 
                responsabilité de lÉtat sétende 
                non seulement aux actions ou aux agents 
                de lÉtat, mais aussi aux acteurs 
                non-gouvernementaux que lÉtat 
                contrôle ou devrait contrôler.  En 1993, 
                le comité, par exemple, a fait ce commentaire 
                par rapport aux conséquences des fatwas 
                (décrets religieux) sur la liberté créative: 
               
                Alors que lappréciation 
                  des fatwas est faite par les 
                  autorités religieuses et non par les 
                  organisations de lÉtat, la question 
                  de la responsabilité de lÉtat 
                  apparaît clairement dans les circonstances 
                  où lÉtat ne prend aucune mesure 
                  pour supprimer les menaces claires 
                  aux droits applicables en Iran, en 
                  conséquence de sa ratification au 
                  Pacte.18 
               
              Lapplication aux actions des acteurs du 
                secteur privé de cet État qui a l 
                « obligation de protection » 
                est analysée plus amplement dans le 
                Module 25 sur les corporations. 
              LObservation générale 3 du CDESC, La 
                nature des obligations des États parties, 
                suit ce module. 
              Auteurs: 
                Rolf Künnemann est lauteur de 
                la première partie de ce module sur 
                les obligations des États.  David Bergman 
                est lauteur principal de la seconde 
                partie portant sur les acteurs non-gouvernementaux.  
               
              NOTES
               
               
                 1.   Bandhua Mukti Morcha 
                  v. Union of India and others.  
                  Extrait de ICJ Review, 36 (Juin 
                  1986) 
                2 . Matthew C.R. Craven, The 
                  International Covenant on Economic, 
                  Social, and Cultural Rights: A Perspective 
                  on Its Development (Oxford: Clarendon 
                  Press, 1995), 170. 
               
              
               
                4 . CDESC, Observation 
                  générale 3, La nature des obligations 
                  des états parties (art. 2[1], 
                  du Pacte) (5ème Sess., 1990), ONU 
                  Doc. E/1991/23 (1991). 
               
              
              
              
              
               
                9 . CDESC, Observation 
                  générale 2, Mesures internationales 
                  dassistance technique (art. 
                  22 du Pacte) (4ème Sess., 1990), ONU 
                  Doc. E/1990/23 (1990). 
               
              
               
                11. Pt 
                  Parmanand Katara v. Union of India, 
                  4 Sup.Ct.Cases 286 (1989). 
               
               
                12. Consumer 
                  Education & Research Center v. 
                  Union of India.  AIR 922 (1995). 
               
               
                13. John 
                  Doe I et al. v. Unocal Corporation, 
                  Myanmar Oil and Gas Enterprise et 
                  al. United States District Court, 
                  General Dist.of California, Affaire 
                  No. Cv 96-6959-RAP. 
               
               
                14. Catherine 
                  Mackinnon, « Torture: A 
                  Feminist Perspective on Human Rights », 
                  in Human Rights in the Twenty First 
                  Century, éds. Kathleen E.Mahoney 
                  and Paul Mahoney (Boston: M. Nijhoff, 
                  1993) 
                15.  Dilan Esper, « Doe 
                  v. Unocal Case Establishes Rights 
                  to Sue Private Corporations for International 
                  Human Rights Violations »,  
                  International Civil Liberties Report 
                  (May 1998): 58-60. 
               
               
                16. Cour 
                  interaméricaine des droits de lhomme, 
                  1998, Ser.C, No. 4, 9 Hum.Rts. 
                  L.J. 212 
               
               
                17. Osman 
                  v. United Kingdom, Case No. 87/1997/871/1083, 
                  Reports 1998-VIII, Cour européenne 
                  (28 Octobre 1998). 
               
               
                18. CDESC, 
                  Observations finales du Comité 
                  des droits économiques, sociaux et 
                  culturels: Républque islamique dIran, 
                  ONU Doc. E/C.12/1993/7 (1993). 
               
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