La Situation Actuelle des Organisations des Droits de l'Homme en Afrique Sub-Saharienne

Afrique du Sud


CONTEXTE HISTORIQUE

L'Afrique du Sud a le secteur non-gouvernemental le plus développé du continent entier, avec plus de 50.000 organisations non-gouvernementales au total. Même si nous n'avons pas essayé de calculer combien de ces organisations pourraient être qualifiées comme organisations des droits de l'homme, il y en a probablement plus d'une centaine. La plus grande, Lawyers for Human Rights (Avocats pour les Droits de l'Homme), a plus de 130 effectifs salariés. Le Legal Resources Centre (Centre des Ressources Juridiques) en a presque autant. Notre visite en Afrique du Sud a eu lieu presque à la veille des premières élections démocratiques de l'histoire du pays. Pendant tout le voyage, nous nous demandions si c'était un très bon moment ou un très mauvais moment pour réaliser une mission comme la nôtre. Dans un sens, ce tournant historique nous a mis dans une position avantageuse unique pour regarder en arrière et contempler l'histoire riche de la communauté des droits de l'homme en Afrique du Sud et, en même temps pour regarder vers les nouvelles tâches l'affrontant dans un système démocratique. Cependant, pendant que nous étions dans le pays, l'avenir même des élections était encore dans la balance. Il y avait des négociations tous les jours pour savoir si l'extrême droite, l'Alliance de la Liberté, prendrait part au scrutin ou si elle lancerait une campagne de violence pour perturber les élections. A l'époque, il semblait presque certain que l'Inkatha Freedom Party au Natal boycotterait les élections et intimiderait des centaines de milliers de zoulous à suivre sa ligne. Même s'il n'y avait presque pas de doute que le vote aurait lieu le 27-28 avril et qu'un gouvernement conduit par l'ANC en semblait l'issue inévitable, tous les autres événements étaient beaucoup plus incertains. Les groupes des droits de l'homme s'engageaient avant tout à contrôler la violence politique et c'était difficile pour eux de faire des projets au-delà des trois prochains mois.

L'histoire de l'Afrique du Sud sous l'apartheid est bien connue, mais les problèmes de la violence politique qui ont tourmenté le pays depuis le milieu des années 1980 sont moins bien compris. En dehors de l'Afrique du Sud, on faisait deux suppositions sur la violence qui sont profondément erronées l'une et l'autre. La première, c'est que la violence aurait un caractère principalement "tribal" ou "ethnique". La deuxième, c'est que la violence serait en quelque sorte un élément concomitant nécessaire, si infortuné qu'il soit, d'une telle transition politique, et qui s'effacera quand le système d'apartheid sera finalement balayé et qu'un gouvernement non-raciste sera au pouvoir. Une compréhension correcte de ces problèmes a un rapport direct avec les activités futures des organisations des droits de l'homme de l'Afrique du Sud et avec le soutien continu dont elles ont besoin de la part de la communauté internationale.

"La violence des bourgades" qui a éclaté au milieu des années 1980 au cours du plus grand soulèvement populaire depuis les événements de Soweto en 1976. Dans une certaine mesure cette violence a surgi entre les factions différentes au sein du mouvement de libération même--le Front Démocratique Uni aligné à l'ANC et AZAPO, qui avait hérité la tradition de la négritude. Cependant, la violence s'est produite surtout à cause du soutien de l'état pour des organisations noires de droite--connues généralement pendant cette période comme des comités d'autodéfense--soit situés dans les bourgades soit alignés aux gouvernements des patries noires. La violence entre "les camarades" et "les comités d'autodéfense" a éclaté dans beaucoup de régions du pays--au Natal, dans les régions orientales et occidentales du Cap, et dans la région de Pretoria-Witwatersrand-Vereeniging (PWV). La dimension ethnique n'a été primordiale dans aucun de ces cas.

Dans la plupart des régions du pays, la répression de l'état suffisait à apaiser le soulèvement des bourgades et la violence politique a diminué par la suite. La région où la violence a persisté à partir de 1985 c'était le Natal. Mangosuthu Buthelezi, Premier Ministre de la patrie réservée aux Zoulous Kwa et chef du "Mouvement Culturel" de l'Inkatha, s'est servi des ressources du Trésor de sa "patrie"--ainsi que l'entraînement militaire secret par la Force de Défense de l'Afrique du Sud--à préparer ses partisans à une guerre sanglante contre le UDF/ANC au Natal. Il faut souligner deux points importants. Premièrement, jusqu'à des mois récents Buthelezi, qui est après tout un fonctionnaire politique de l'état sud-africain, a poursuivi sa guerre contre l'ANC avec le soutien et l'encouragement du gouvernement à Prétoria. On tend à abuser de la métaphore du "monstre de Frankenstein" dans ces situations, mais étant donné que Buthelezi menace de dérailler les élections prévues pour le 27 avril au Natal, le Président pourrait bien être en train d'y réfléchir avec regret. Deuxièmement, tous les protagonistes de la violence au Natal sont des Zoulous. Les sondages les plus récents font croire que l'ANC et pas l'IFP est le parti le plus grand parmi les Zoulous. Ce fait démontre non seulement l'insuffisance des explications ethniques pour rendre compte de la violence, mais il explique pourquoi Buthelezi, en alliance avec les blancs d'extrême droite, ne peut pas se permettre de participer aux élections en perspectives.

En 1990, la violence a éclaté dans la région PWV, où elle sévit encore, concentrée ces derniers mois dans les bourgades d'East Rand. Ici encore, il y a des preuves abondantes de la participation clandestine des forces de sécurité dans la violence, mais, à la différence du Natal, il y a bien une dimension ethnique. Beaucoup d'activité anti-ANC a émané des auberges pour les ouvriers migrateurs qui se trouvent à la périphérie de la plupart des bourgades dans la région PWV, la principale région minière du pays. Déjà en 1976, les ouvriers migrateurs déracinés, dont beaucoup étaient Zoulous, ont été mobilisés par la police contre la jeunesse militante des bourgades.

Essentiellement, depuis le milieu des années 1980 et, plus particulièrement, depuis 1990--quand l'interdit contre l'ANC a été levé et le processus de transition s'est déclenché--il s'agissait d'une "privatisation" de la répression de l'état. Pour échapper à la surveillance extérieure, l'état a donné un soutien clandestin à des agences répressives de remplacement, et notamment à l'Inkatha. On peut ainsi cacher la répression de l'état derrière l'explication de "la violence ethnique", et par conséquent on peut qualifier les abus des droits de l'homme comme "violence", avec la suggestion que toutes les parties impliquées au conflit sont également coupables. Ceci a eu des implications importantes pour le travail des organisations des droits de l'homme, pour lesquelles une plus grande compétence est devenue indispensable quant aux techniques d'observation et d'investigation. Ces techniques--avec les leçons politiques de la violence de l'Afrique du Sud--pourraient s'avérer très utiles dans des pays tels que le Kenya, le Zaïre et de plus en plus le Malawi, où le mouvement des droits de l'homme assiste à une "privatisation" semblable de la répression.

Plusieurs activistes des droits de l'homme interviewés étaient fermement persuadés qu'il n'y aurait aucune réduction significative de la violence politique après l'élection d'un gouvernement dominé par l'ANC. Principalement c'est parce que les auteurs principaux de la violence sont l'Inkatha. Cependant, c'est aussi parce qu'un élément significatif dans la violence est la déception et l'aliénation des communautés urbaines pauvres qui ressentent qu'ils n'ont pas bénéficié de la "nouvelle Afrique du Sud".

Les organisations des droits de l'homme de l'Afrique du Sud ont une vaste expérience qui est peut-être sans égal pour ce qui est des problèmes de privation économique et sociale vus d'une perspective des droits. La raison historique pour cela, sans aucun doute, est le racisme institutionnalisé qui nie aux certains l'accès aux droits économiques et sociaux à cause de la couleur de la peau. On en voit le reflet dans la grande quantité de temps que les organisations des droits de l'homme doivent consacrer à donner des orientations sur des problèmes tels que les pensions, les droits des ouvriers et le logement. C'est à prévoir que ce genre de travail continuera sous le nouveau gouvernement.

Cependant, le nouvel ordre constitutionnel créera aussi des domaines de travail qui poseront de nouveaux problèmes pour les activistes des droits de l'homme de l'Afrique du Sud. L'existence même d'une Déclaration constitutionnelle des droits, pour la première fois, a créé de nouvelles possibilités pour les campagnes et la défense des droits individuels, dans les instances d'essai devant les tribunaux constitutionnels. Bien que l'Afrique du Sud ait un secteur juridique lié aux droits de l'homme très développé, on a encore beaucoup à apprendre dans ce domaine. Par ailleurs, la Constitution crée de nouveaux mécanismes statutaires pour la protection des droits de l'homme, notamment une commission des droits de l'homme. Il y a aussi un ombudsman, qui existe déjà depuis deux ans, mais qui, selon ceux que nous avons interviewés, n'a pas encore été très efficace. Un autre défi pour les organisations non-gouvernementales des droits de l'homme consistera à savoir comment travailler avec ces organes statutaires.

On doit s'attendre à ce que d'autres institutions de l'état changent dans le nouvel ordre. Plus notamment, on exigera que la police subisse une transformation pour cesser d'être un agent répressif de domination raciale pour devenir le gardien de la communauté entière. Le problème est que non seulement les policiers eux-mêmes, mais aussi les activistes des droits de l'homme et les communautés, n'ont aucune expérience comment une telle force de police non-répressive devrait se comporter. Ainsi les organisations des droits de l'homme doivent voir de près des modèles démocratiques de comportement de la police pour pouvoir développer les normes auxquelles la police sera tenue.

Enfin, la question plutôt délicate de la composition raciale actuelle de la communauté des droits de l'homme doit être abordée. Pour des raisons historiques, les organisations non-gouvernementales des droits de l'homme tendaient à être dominées par ces secteur de la société qui jouissaient de la plus grande liberté politique sous l'apartheid--en premier lieu les blancs, mais aussi, à un moindre degré, "les gens de couleur" et les Asiatiques. Le résultat en est un déséquilibre prononcé, surtout dans les échelons dominants de beaucoup d'organisations des droits de l'homme. Nous avons eu des discussions prolongées avec une organisation--la Black Lawyers Association (Association des Avocats Noirs) (BLA)--qui est spécifiquement engagée à la promotion des noirs dans le secteur des droits de l'homme. Nous croyons qu'il faut des mesures concrètes pour augmenter la représentation des noirs dans les organisations des droits de l'homme, ainsi que dans la société en général. La BLA insiste de manière convaincante sur la nécessité d'organisations exclusivement noires même dans la nouvelle ambiance non-raciale de l'Afrique du Sud.

L'AVENIR DES ORGANISATIONS DES DROITS DE L'HOMME DE L'AFRIQUE DU SUD

A un moment où il est impossible de prévoir les développements politiques même un mois à l'avance, il est particulièrement hasardeux d'essayer d'envisager dans quelles situations se trouveront les organisations des droits de l'homme dans les années à venir. Cependant, il faut essayer. Certaines organisations de l'Afrique du Sud ont réfléchi profondément à leur avenir (tandis que d'autres ne donnent que peu de signe d'y avoir pensé). Un nombre de facteurs qui affecteront l'avenir des organisations non-gouvernementales des droits de l'homme de l'Afrique du Sud semblent plutôt certains:

- Le niveau général de financement extérieur pour les droits de l'homme diminuera, sinon tout de suite, alors certainement au cours des prochaines années. Le niveau élevé de soutien extérieur tenait surtout à la nature toute particulière de l'apartheid. C'est à prévoir que les donateurs considéreront que le niveau de soutien qu'on offrait par le passé ne sera plus nécessaire. Le fait que certaines organisations semblent avoir obtenu un financement adéquate à long terme ne change en rien le fait qu'il y aura moins de ressources globalement.

- Certaines organisations seront affaiblies et pourront disparaître complètement à cause du fait que leurs animateurs seront appelé à prendre des postes dans le nouveau gouvernement.

Ces deux facteurs conduiront vraisemblablement à une nouvelle configuration de certaines organisations des droits de l'homme, où de nombreuses organisations s'uniront ou bien se spécialiseront, se consacrant à des tâches plus clairement définies (cette évolution est déjà en cours, surtout parmi les organisations juridiques).

- La promulgation d'une Déclaration constitutionnelle des droits et la création de mécanismes statutaires des droits de l'homme ouvriront un nouveau domaine de travail pour les organisations non-gouvernementales, où elles n'ont pas encore d'expérience et n'ont que peu de connaissances. Cependant, les organisations non-gouvernementales auront peut-être à jouer un rôle important en assurant que ces nouveaux mécanismes fonctionnent correctement.

- Le problème des droits économiques et sociaux sera d'importance centrale. Déjà une grande partie du travail de toutes les organisations s'occupant de consultations juridiques ou de pourvois en justice est occupée par des problèmes tels que la propriété foncière, le logement, la pension et les droits des salariés. Le débat angoissé qui se poursuit ailleurs, à savoir s'il s'agit vraiment de "droits", semble non pertinent en Afrique du Sud. Quand on a nié aux gens l'accès aux biens sociaux et économiques les plus fondamentaux pour des raisons raciales, il n'y a aucun doute que la correction de ce déséquilibre--la "clause de l'égalité" dans la Constitution--est un problème touchant les droits de l'homme.

- La violence politique continuera à un certain niveau après les élections. La plupart des organisations engagées directement dans le contrôle de la violence pensent que la violence risque de s'accroître. Le scénario le plus extrême, qui est loin d'être invraisemblable, est la guerre civile total au Natal.

Cependant, le grand impondérable est simple: dans quelle mesure le nouveau gouvernement sera-t-il répressif? La réponse est liée en partie à la question: quelle est l'importance de la menace de sécurité posée par Inkatha et l'extrême droite des blancs? Mais il y a aussi une question importante des intentions subjectives de l'ANC. Là-dessus, les indices sont contradictoires. D'une part, le Conseil Exécutif intérimaire, dominé par l'ANC et le Parti National, a refusé de révoquer la section 29 de la Loi sur la Sécurité Intérieure, qui permet les détentions sans procès. Beaucoup de partisans de l'ANC souscrivent à cette position. Par contre, bien d'autres, y compris Kader Asmal, un professeur de droit qui occupera sans doute un poste important dans le nouveau gouvernement, ont rejeté ce recours aux mesures de répression employées par l'ancien régime. Il est peut-être significatif que Asmal prône aussi l'établissement d'une commission de la vérité pour assigner les responsabilités pour les violations passées des droits de l'homme. Cependant, ce n'est pas, paraît-il, le point de vue de la majorité des dirigeants de l'ANC. L'Afrique du Sud, comme le Zimbabwe, pourrait se trouver devant la perspective peu édifiante d'un nouveau gouvernement qui déclencherait le vieil appareil raciste de sécurité contre ses adversaires politiques.

Si le gouvernement prend une ligne répressive, le mouvement des droits de l'homme de l'Afrique du Sud affrontera sa plus grande crise. La majorité des gens engagés dans les organisations des droits de l'homme sont sympathisants de l'ANC; tous s'opposent farouchement à l'extrême droite. Dans quelle mesure ils défendront les droits de gens dont ils détestent les vues politiques mettront à l'épreuve la maturité et l'indépendance des organisations des droits de l'homme.

L'investigation du passé est un problème de grande importance tant pour l'ensemble des sud-africains ordinaires que pour certains éléments de la communauté des droits de l'homme, bien qu'il s'agisse d'une exigence que compromet l'ANC pour des raisons d'opportunisme politique. Pour beaucoup de familles en Afrique du Sud, il y a encore une nécessité fondamentale de rendre compte de ceux qui ont "disparu" ou qui sont morts en détention préventive. Un représentatif d'un groupe d'observation a posé des questions détaillées sur les possibilités d'une formation dans les techniques de médecine légale, d'anthropologie et d'archéologie pour le personnel local. Il est vraisemblable, comme en Argentine, qu'il faudrait recevoir la bénédiction officielle pour qu'une équipe d'experts étrangers en médecine légale puisse entrer dans le pays pour examiner des sites d'enterrement, et pour former des effectifs locaux dans les techniques appropriées.

LES BESOINS DE FORMATION DANS LE DOMAINE DES DROITS DE L'HOMME DANS LA "NOUVELLE AFRIQUE DU SUD"

L'environnement particulier dans lequel les organisations des droits de l'homme de l'Afrique du Sud ont évolué, a créé un cadre d'activistes relativement bien formés. Une situation politique très répressive a forcé les organisations à être débrouillardes et inventives, tandis qu'elles ont été bien financées et possédaient les ressources sophistiquées d'une société typique du "Premier Monde" à leur disposition. Cependant, il y a eu aussi des lacunes énormes dans leur formation. On a constaté un certain nombre de nécessités qui sont communes pour plusieurs organisations:

- Les pourvois en justice devant les tribunaux constitutionnels: Les organisations de l'Afrique du Sud n'ont aucune expérience pratique avec des poursuites en justice où il existe une déclaration des droits ayant force de loi. Toutes les organisations juridiques qu'on a rencontrées ont signalé qu'il leur faut être en mesure de concevoir des stratégies pour répondre à cette nouvelle situation.

- Le travail avec des organismes statutaires des droits de l'homme: Peu d'organisations ont signalé le travail avec la commission statutaire des droits de l'homme ou avec le ombudsman comme un besoin de formation. Toutefois, il est évident que même les groupes qui n'ont pas encore réfléchi à la nouvelle conjoncture devront ajuster leur méthodologie pour tenir compte de l'existence de mécanismes d'état qui défendront les droits de l'homme. Ces organisations pourraient apprendre de pays où de tels mécanismes fonctionnent déjà.

- Les normes et les mécanismes des droits de l'homme à l'échelle internationale: Certaines organisations consultées ont signalé leur ignorance des mécanismes et de la loi sur les droits de l'homme à l'échelle internationale comme une défaillance majeure. D'autres, semble-t-il, continuent à penser seulement à l'échelle nationale et ne voient pas l'Afrique du Sud comme faisant partie des systèmes des droits de l'homme de l'ONU ou de l'OUA. Il faut évidemment non seulement une formation au sens strict, mais aussi une sensibilisation sur la pertinence et l'applicabilité de la loi internationale des droits de l'homme.

- Formation de parajuristes: Un nombre d'organisations ont formé des programmes sophistiqués pour les parajuristes, mais d'autres, surtout les petits groupes d'observation, ont indiqué cela comme un besoin significatif. Ainsi, bien que les ressources de formation soient disponibles sur place, il faut jumeler les organisations pour s'assurer qu'on puisse répondre aux exigences de formation.

- Les techniques de police, d'investigation et de médecine légale: Un nombre de groupes engagés dans l'observation ont signalé qu'ils ont besoin de formation dans les techniques d'investigation. Même un groupe établi et efficace comme l'Independent Board of Inquiry into Informal Repression (Conseil Indépendant d'Enquête sur la Répression Informelle) (IBIIR) a d– partir de zéro pour élaborer ses propres techniques de médecine légale, et affirme qu'il lui faut plus de formation. Cependant, l'IBIIR a élaboré son propre matériel--formulaires normalisés pour les rapports, photos d'armes, uniformes, etc.--tout ce qui pourrait servir à d'autres organisations (non seulement en Afrique du Sud). On a déjà cité le manque de techniques en médecine légale, en anthropologie, etc.

- Une question connexe mais plus large concerne les normes (et la conduite) qu'on doit exiger à la police. En général, les organisations des droits de l'homme de l'Afrique du Sud n'ont aucune expérience directe des normes de comportement pour la police dans une société démocratique; toutefois, les organisations non-gouvernementales, malgré leur manque d'expérience dans ce domaine, ont une plus grande expertise dans la réalisation d'enquêtes que la police. Dans l'avenir la formation de policiers devrait comporter des stages auprès des organisations non-gouvernementales, pour qu'on se connaisse mieux les uns les autres. Cependant, les organisations non-gouvernementales ont besoin aussi d'une formation spécifique relatives aux normes de comportement policier dans une société démocratique.

- La résolution des conflits: Un nombre d'organisations ont cité ce thème comme une dimension importante de leur travail où ils croient avoir besoin d'une formation plus ample. Certes il y a de bonnes ressources sur place, y compris l'Independent Mediation Service of South Africa (Service Indépendant de Médiation d'Afrique du Sud) (IMSSA) et le Vuleka Trust.

- La documentation: Les organisations d'observation ont cité des techniques de documentation comme un domaine où il y a un besoin de formation, mais ont exprimé un certain scepticisme quant à l'utilité de la formation basée sur HURIDOCS proposée par l'Institut Goldstone. Certains membres des groupes les plus expérimentés ont reconnu aussi l'emploi de bancs de données informatisés nécessite beaucoup de main d'oeuvre et s'avère peu utile.

- La gestion/administration: En général, les organisations des droits de l'homme de l'Afrique du Sud ont d– mettre en place des structures de gestion relativement complexes, y compris des techniques financières et administratives évoluées. Cela n'a rien d'étonnant, mais un nombre d'organisations, surtout les plus petites, continuent à signaler ce domaine où on a besoin d'une formation ultérieure. Il y a quelques organisations sur place, y compris le Human Awareness Programme (Programme de Sensibilisation Humaine) à Johannesburg, qui propose des programmes de formation fondamentale dans la bureautique et la gestion pour les organisations non-gouvernementales.

TREIZE ORGANISATIONS DES DROITS DE L'HOMME

Avec un tel grand secteur non-gouvernemental des droits de l'homme, il était clair qu'il n'était pas possible de voir toutes les organisations actives dans l'espace de deux semaines. Nous décidions de ne pas nous propager trop faiblement, mais de rencontrer un groupe réprésentatif d'organisations faisant de différents sortes de travail des droits de l'homme. Nous pensions aussi qu'il serait plus utile de rencontrer des branches différentes de la même organisation dans les divers centres que nous avons visité plutôt qu'accroître simplement notre score total d'organisations contactées. Nous nous rencontrions avec treize organisations différentes, souvent avec une nombre de branches de la même organisation.

Il doit être accentué que le choix d'organisations interviewés a été délibérément sélectif, pour assurer une gamme d'organisations faisant de différentes sortes de travail. La sélection ne réfléchit pas un jugement sur la valeur du travail des organisations consultées (ou pas consultées).

Black Lawyers Association/Legal Education Centre
(Association des Avocats Noirs/Centre de l'Education Juridique)(BLA)

La Black Lawyers Association (BLA) a été formellement établie en 1980 avec l'objectif d'augmenter l'accès noir à la profession juridique. Seulement environ 700 sur 7.000 avocats en Afrique du Sud sont noirs. La profession juridique en Afrique du Sud est séparée, et il y a moins que 100 barristers noirs . La BLA est en grande mesure une organisation de formation. Son projet central est un Centre de l'Education Juridique. Elle fournit aussi des bourses d'études pour les stagiaires et dirige sept cliniques de conseil. Elle emploie dix gens dans le bureau central à Johannesburg et environ quarante dans tout le pays.

Le Directeur de la BLA est actuellement secondé à la Commission électorale Indépendante et, étant donné la pénurie d'avocats noirs, il semble vraisemblable que la BLA, comme la National Association of Democratic Lawyers (NADEL), sera decimée par des demandes semblables du nouveau gouvernment après l'élection.

Black Sash(Corde Noire)

Black Sash, fondée en 1955, est la plus vieille organisation des droits de l'homme en Afrique du Sud. C'est une organisation de femmes (bien que les hommes puissent être membres associés). Tandis qu'elle n'aspire pas seulement de traiter les "problèmes de femmes", elle a une perspective particulièrement valable sur ces questions. Bien qu'elle ait commencée comme une organisation de femmes libérales, blanches, il y a une conscience claire parmi beaucoup de membres et de personnel du besoin de dépasser ces origines. Le personnel était intéressant et instructif en ce qui concerne les problèmes pratiques particuliers de femmes travaillant ensemble en face du partage racial, qui, bien que ça n'existe plus dans la loi, continue à gouverner la vie quotidienne en Afrique du Sud.

Black Sash a une structure légale double--d'une part, un réseau national de neuf centres de conseil, et de l'autre, une organisation de campagne. Tous les membres interviewés accentuaient l'interdépendence des deux; autrement dit, les priorités de l'organisation de campagne dérivent des problèmes soulevés par les clients aux centres de conseil.

Black Sash a 2.500 membres et 40 effectifs. L'organisation est actuellement en train de professionaliser ses structures de gestion, tenant compte des problèmes particuliers posés par une structure où le personnel payé est géré par des volontaires. Elle voit son rôle futur d'identifier et de campagner pour les problèmes saillants des droits de l'homme. Elle croît être bien placée par vertu de son réseau de centres de conseil.

Community Law Centre
(Centre de Droit Communautaire)

Le Community Law Centre à Durban a été établi en 1989 et est le noyau d'un réseau de centres communautaires essentiellement rurales, dirigé par des comités volontaires de gestion, qui dispensent du conseil à une région de cible d'environ un million de gens. Le Centre lui-même a 24 effectifs. L'éducation des droits de l'homme est aussi un composant important du travail, utilisant une traduction zouloue de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

Une grande partie du travail du Centre, en conjonction avec l'Université de Natal, est la formation des parajurists. Des gens convenables dans les communautés sont identifiés pour être formés comme des parajurists. Les candidats choisis sont subis à une formation pendant une période de deux ans, pendant laquelle ils aident aussi à développer les habiletés des comités qui dirigent les centres communautaires. Le programme de formation est déterminé par les besoins des communautés, comme il est décidé par leurs représentants. La tâche du Community Law Centre est de développer des aides de formation et des programmes pour satisfaire ces besoins.

Diakonia

Diakonia est une agence oecuménique basée à Durban qui a été établie en 1976 et qui joigne huit églises et une organisation d'église. La plupart de ses fonds vient des organisations d'église d'outre-mer. Son objectif initial a été de "répondre efficacement aux problèmes massifs causés par le système d'apartheid dans cette région urbaine majeure de l'Afrique du Sud". Diakonia a environ dix-sept effectifs, organisés en quatre équipes: une équipe de réseau de justice; une équipe de démocratie et réconstruction; une équipe administrative; et le bureau du Directeur. Celui-là inclut les travailleurs locales du Procès de Paix, qui sont entraînés pour contrôler la violence et la médiation. Diakonia dirige un Programme de Centre Communautaire de Ressources, qui a vingt-six personnes dans quatorze centres autour de la région de Durban. Ces centres fournissent des services parajuridiques, du conseil et l'éducation des votants.

Freedom of Expression Institute
(Institut de Liberté d'Expression) (FEI)

L'Anti-Censorship Action Group (Groupe d'Action contre la Censure) et la Campaign for Open Media (Campagne pour l'Ouverture des Médias), deux corps qui campagnent contre les entraves à la liberté de presse et la censure, se sont fusionnés en janvier 1994 pour établir le Freedom of Expression Institute (FEI).

Le FEI diffère de la plupart d'autres organisations visitées parce que ce n'est pas une organisation juridique ou basée dans la communauté mais un petit groupe de pression (avec deux employés). Le FEI est parrainé par des syndicats de médias, des rédacteurs et des journalistes. Dans ses incarnations précédentes, il dirigeait des campagnes efficaces, en particulier pour l'établissement d'un corps régulateur indépendant pour émission.

Maintenant, un objectif majeur, qui requerra l'expansion et la professionalisation de l'Institut, est de campagner pour la révocation de beaucoup de lois qui sont toujours dans les livres de statut et qui limitent la liberté d'expression, ainsi que l'aide pour élever la diversité authentique parmi les médias imprimés et d'émission.

Human Rights Commission (Commission des Droits de l'Homme)(HRC)

Nous avons rencontré quelques effectifs de la Human Rights Commission (HRC) à son siège national à Johannesburg et dans le Cap Occidental. Elle a aussi des bureaux régionaux dans le Cap de l'Est et à Natal. La Commission, qui est en existence depuis 1988, est une petite organisation avec un personnel d'à-peu-près 10 personnes. Elle est le successeur au Detainees Parents' Support Committee. Son Directeur National a dit qu'il serait peut-être nécessaire de changer son nom encore une fois, avec la création d'une commission statutaire de droits de l'homme sous la Constitution intérim.

Le travail de la HRC est exclusivement concerné de la documentation de répression politique à travers des publications regulières, hebdomadaires et mensuelles. Comme ça, elle est constamment en contact avec d'autres organisations contrôleurs pour l'échange d'information. Elle est membre du Network of Independent Monitors (Réseau de Moniteurs Indépendants) (NIM).

La HRC a été établie par un groupe de cinq organisations de fondation. Elle est gouvernée par un Conseil de quatorze Commissaires qui sont élus annuellement et dont la plupart sont eux-mêmes actifs dans des organisations différentes des droits de l'homme. Cet histoire d'activisme des droits de l'homme de la part du Conseil a créé une relation de travail assez harmonieux dans lequel le Conseil a l'expertise d'offrir, mais n'intervient pas excessivement dans les activités du personnel.

Independent Board of Inquiry into Informal Repression (Conseil Indépendant d'Enquête sur la Répression informelle)(IBIIR)

L'Independent Board of Inquiry into Informal Repression (IBIIR) a été établi en 1989 comme une réponse aux attaques et aux menaces de mort contre campagneurs importants d'anti-apartheid--notament le Révérend Frank Chikane du Conseil des Eglises d'Afrique du Sud, qui a été presque mort quand ses vêtements avaient été imprégnées avec un poison de phosphate-organo. Pendant ses étapes jeunes, il a principalement étudié les activités de "hit squads" (commandements de meurtre). L'IBIIR a joué un rôle important dans la Commission Harms en 1990, un corps judiciaire établi pour investiguer les allégations de complicité d'état dans les activités des commandements de meurtre. Il a soumis un plus grand nombre d'exposés à l'investigation que la police.

Au milieu des années 1990, l'orientation d'IBIIR a changé avec l'éruption de violence politique dans la région PWV. Depuis, son rôle est d'enquêter sur les incidents de violence politique, avec beaucoup de son travail orienté vers le rassemblement d'information pour des avocats dans les procès et pour des investigations de la Commission Goldstone.

Une dimension intéressante et importante du travail de l'IBIIR était sa formation de membres de communautés locales dans des habiletés investigatrices fondamentales, y compris prendre des attestations, prendre des photos de la scène de l'attaque, obtenir l'évidence, identifier les différentes unités de force de sécurité, armes et véhicules. Souvent leurs habiletés forensiques semblent mieux développées que celle de la police.

L'IBIIR a actuellement cinq effectifs.

Institute for the Study of Public Violence (Goldstone Institute) (Institut pour l'Etude de Violence Publique) (ISPV)

L'Institute for the Study of Public Violence (ISPV) a été établi en 1993 par la Commission d'Investigation sur la violence publique dirigé par le Justice Richard Goldstone, qui avait lui-même été établi sous l'Accord de Paix de 1991. L'"Institut Goldstone" a trois fonctions principales: assister la Commmission au rassemblement de l'information; établir et servir une base de données d'information sur le conflit violent en Afrique du Sud; et offrir formation, particulièrement dans la méthodologie de la documentation.

L'ISPV, en vertu de ses maillons avec la Goldstone Commission, n'est pas une ONG, bien qu'il vise à servir les ONG des droits de l'homme contrôlant la violence. Le personnel à l'Institut a remarqué que la plupart des ONG de l'Afrique du Sud n'a pas beaucoup d'expérience dans les techniques de documentation. Ils ont aussi accentué le besoin de changer d'une "mode de libération à une mode de droits de l'homme"--cela incluait la formation dans les normes et les systèmes des droits de l'homme internationaux. Ils planifient des stages intensifs de six semaines pour des activistes des régions, commençant en mai 1994.

Lawyers for Human Rights (Avocats pour les Droits de l'Homme)(LHR)

Les Lawyers for Human Rights (LHR) a été établi en 1980 pour promouvoir la protection juridique des provisions de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en Afrique du Sud. C'est une association d'avocats, qui élit un gouvernant Conseil National. Celle-là nomme un Directeur National et un Directorat qui comprennent environ 130 effectifs dans 14 régions à travers le pays. En ce qui concerne le personnel, c'est la plus grande ONG des droits de l'homme en Afrique du Sud.

LHR a des projets ou des départements qui traitent, parmi d'autres choses, le litige, l'éducation des droits de l'homme, la formation parajuridique, la réforme pénale (y compris la pénalité de mort) et la réforme de loi. L'organisation a clairement pensé à son rôle futur et, en particulier, son besoin de sauvegarder son indépendance de tout mouvement politique.

Legal Resources Centre (Centre des Ressources Juridiques) (LRC)

Le Legal Resources Centre, une firme d'avocats d'intérêt publique/ONG, a été établi en 1979 et a des bureaux à Johannesburg, Durban, Cape Town, Port Elizabeth, Pretoria et Grahamstown qui emploient environ 130 personnes. Avec sa concentration sur le litige de cas d'essai, le LRC a été entraîné dans des cas qui concernent des problèmes tels que le contrôle d'afflux et l'état d'urgence. De plus en plus, le travail du LRC est porté sur les droits économiques et sociaux, surtout, des droits terrestres.

Le LRC dirige un programme de bourse d'études pour la formation de candidats d'avocats qui visent à augmenter l'accès à la profession juridique par des groupes désavantagés, ainsi qu'augmenter l'expérience et l'engagement de la profession juridique à la loi d'intérêt publique.

Media Monitoring Project(Projet de Contrôle des Médias)(MMP)

Le Media Monitoring Project (MMP) etait établi au début de 1993 [comme le Broadcast Monitoring Project (Projet de Contrôle d'Emissions)], avec l'objectif d'encourager l'équité et l'impartialité dans les médias publiquement fondés. Il contrôle la radio, la télévision et les médias d'impression, il analyse le contenu, la sélection et la façon de présentation d'actualités et d'affaires actuelles. Il vise à "éduquer les autorités d'émission, les partis politiques et le grand public dans les principes des droits de l'homme en communications surtout comme ils concernent les libertés entraînées dans le procès démocratiques". Inévitablement, beaucoup du contrôle et d'éducation du MMP ont été dirigés vers la couverture des premières élections non-raciales.

Le MMP, qui est extérieurement fondé, opère d'un bureau à Johannesburg avec un petit groupe de personnel et une équipe de moniteurs, essentiellement des étudiants, à un nombre de centres dans le pays. La politique générale est dirigé par un Conseil indépendant de journalistes, d'activistes des droits de l'homme et de spécialistes de médias.

Peace Action (Action de la Paix)

Peace Action est une organisation récemment formée et basée dans la région PWV qui est engagée en contrôlant la violence politique et la consolidation. Elle n'était formellement constitué comme une organisation il y a une année, comme une initiative de 29 corps des droits de l'homme, des avocats et d'église, parmi d'autres. Son appartenance est tirée des organisations de fondation, ainsi que les communautés qu'elle sert.

Elle a neuf effectifs qui contrôlent la violence politique (surtout à East Rand), elle arbitre des disputes, entraîne des communautés dans le contrôle et la résolution des disputes, et publie des rapports mensuels et des rapports périodiques sur la violence politique. Un objectif énoncé important est de "peindre le 'visage humain' de violence pour que la souffrance humaine n'est pas réduite à des simples statistiques".

Street Law (Loi de la Rue)

Street Law est une organisation nationale basée à l'Université de Natal, Durban, avec des bureaux régionaux dans le Cap et à Transvaal, et des Coordinnateurs à vingt-et-une universités à travers le pays. Le mouvement international de Street Law a été fondé aux Etats-Unis et introduit en Afrique du Sud en 1985. Les professeurs d'école assistent aux séminaires de Street Law aux universités et les étudiants universitaires de droit vont chaque semaine aux écoles, aux prisons et à d'autres centres dans la communauté.

Street Law vise à fournir les citoyens avec de l'information pour les aider à utiliser la loi, changer la loi, et regler des disputes sans utiliser la violence. L'information est donnée par des dramatisations des rôles, y compris des procès faux, et une série de manuels simplement écrits qui font l'emploi extensif des bandes dessinées et d'autres illustrations.

- Olisa Agbakoba et Richard Carver


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